La fille à l'infirmerie

Je lis ça et je me dis qu'être infirmière est reposant de ce point de vue. 

Parce que : 

Une amie qui travaille dans le milieu de la finance disait qu'au boulot ses collègues regardaient des pornos. 

Des jeunes hommes un jour ont été étonné que je leur parle d'une amie informaticienne. Si, si. 

Alors qu'à mon boulot, j'ai bien mon quota de gros lourds avec leurs blagues bien grasses, oh oh oh, mais je suis à ma place. 

Infirmière, si ça c'est pas un métier pour les filles! 

Du coup c'est reposant, au sens : à l'hôpital les cadres sont habituées à ce que les jeunes diplômées se barrent en congé maladie rapidement après leur diplôme. 

(On me dit dans l'oreillette que la RH d'un hosto aurait demandé à la psychologue si elle comptait tomber enceinte lors d'un entretien d'embauche. Shit.)

Je pense que les professions médicales subissent plus de sexisme que nous. Je veux dire, il y a plus de la moitié des étudiants en médecine qui sont des filles dans certaines facs et on leur demande encore comment elles vont faire plus tard avec des mômes. 

Alors que les infirmières, non. Comme c'est un métier stéréotypiquement féminin, on ne se demande pas comment, en travaillant minimum un weekend sur deux, parfois 6 jours de suite, parfois la nuit, parfois les deux, parfois le soir, puis le lendemain à 6h15 en-tenue-dans-le-service, on ne se demande pas comment elle a ne serait-ce que le temps de voir ses enfants. 

Elle ou il, d'ailleurs, parce que bizarrement je connais des mecs que ça intéresse de voir leurs mômes aussi. 

D'ailleurs je pense que les mecs sont super contents d'être dans des services où tu peux prendre un congé enfant malade comme les autres, plutôt que de subir les regards louches de tes collègues carriéristes. 

Tout ça pour dire, ma maman ne me fait plus chier avec ma carrière depuis que j'ai abandonné mes velléités d'anthropologie au bout du monde. (elle m'avait même offert un livre qui parlait d'ethnologie en France en abordant le sujet "quand tu voudras avoir des enfants et te poser". Alors que Françoise et Claude Hervé ont montré le contraire, et d'autres aussi j'imagine)

Je souffle un peu depuis, parce qu'infirmière ça met tout le monde d'accord, soit-disant y a la sécurité de l'emploi et on  gagnera rarement plus que son mari. D'ailleurs quand on me parle d'histoires potentielles, on me dit toujours "alors un ptit médecin beau et bien payé t'as pas encore trouvé ?" Euuuuuh. Et un aide-soignant ou un brancardier ça pue ? Souvent zont de plus beaux biscottos en plus! 

Infirmière, c'est un des premiers métiers dans lequel être une femme ne dérange personne. (au contraire, puisqu'être un infirmier ça dérange parfois même les infirmières). 

Parce qu'on est sensée être douce alors que j'ai envie de dire, si t'essayes d'être douce pendant une pose de perfusion t'y arriveras jamais, si tu évites de sonder quelqu'un parce que ça lui fait mal c'est pareil. 

Parce qu'on est sensée savoir bien s'occuper des gosses alors que si t'as jamais bossé en pédiatrie (et avec le nouveau programme il n'y a quasiment aucune notion de pédiatrie sauf miracle), un enfant tu ne sais pas comment ça marche et par quel bout le prendre et à partir de quelle couleur rouge ou bleutée il faut que je m'inquiète.

Parce qu'on est sensée être auprès des gens alors que tout ce que l'administration nous demande en ce moment c'est d'aller toujours plus vite et de développer des techniques pour faire plus avec moins de moyens. Donc on sera plus brutale que dans les films type "Pearl Harbour". 

C'est un métier pratique finalement, si seulement les gens pouvaient arrêter de demander : "et, et, vous êtes vraiment nues sous la blouse ?" 

Non, personnellement j'ai aussi des seringues anti-bêtises cachées en dessous. 

Comments

[miette]

Oui ben moi c'ets plus ou moins ça aussi. J'adorai ces études, très riches, intéressantes, pleines de remises en question, mais je ne voyais vraiment plus faire de la recherche. Comme tu dis, se
taper dessus avec des théories et des grands mots... des fois la science est plus obscurantiste qu'autre chose, et je HAIS les gens qui écrivent pour n'être compris
que par eux. Mais dans ce domaine, on trouve quand même des beaux écrits. Sinon voilà, comme toi je voulais donc me tourner vers l'ethno appliquée, je voulais que ça serve, je voulais ouvrir les
yeux du monde, haha. Puis bon, je me suis aperçue que si je voulais vraiment "aider les gens" fallait se tourner vers autre chose. Je me sens plus épanouie et utile dans les soins
infirmiers^^


Oui c'est quand même rigolo de se trouver avec un parcours similaire, y'a déjà pas beaucoup de gens qui font ethno alors ethno puis soins infirmiers... encore moins^^

[Nouya]

je trouve ça drôle aussi, c'était assez improbable !

[miette]

J'adore cet article! Criant de vérité mais bien dit et avec humour! En plus naaaaaaan... toi aussi t'as fait ethno en te voyant anthropologue du bout du monde? Puis finalement devenue infirmière?
C'marrant, je me sens moins seule. Comment toi tu es passée de l'un à l'autre? 

[Nouya]

Tu connais l'histoire de la fille qui laisse son blog en friche pendant les vacances ? ;) 


Bref, en retard, c'est une longue histoire mais je me suis sevrée de l'anthropologie en visitant une sociologue, j'ai trouvé que c'était vraiment un petit monde qui se tapait dessus pour des
théories obscures... Alors que je voulais faire de l'ethno pratique, genre pour permettre aux gens de culture minoritaire de faire valoir leur culture auprès des décisionnaires...


Et toi ? C'est assez marrant de se retrouver infirmières, toudmême!